LE SON BRIAN MAY
Brian May est un véritable guitar band à lui tout seul et l’on se souviendra pour l’anecdote que les six premiers albums de Queen portent la mention suivante : "Personne n’a joué de synthétiseur sur ce disque”.
Les sons de synthé sur les premiers albums étaient donc l’oeuvre de Brian May qui les produisait...sur sa guitare. C’est dire la fantastique palette de sons qu’il en tire. Il faut signaler à ce niveau que le tirant de ses cordes est capital (voir matos de choc).
Dans Procession qui ouvre le deuxième album, on peut entendre des violoncelles ou de l’harmonium mais ce sont en réalité des guitares. Ou plutôt une combinaison de sons de guitare avec différents dosages de saturation et de sustain.
De plus, Brian May n’attaque pas toujours les cordes avec la même intensité selon les parties et il choisit surtout des secteurs très variés. On peut ainsi le voir jouer en haut du manche avec la main droite. Il s’agit d’une nouvelle approche de la guitare qui fait largement référence à l’électronique, notre homme étant un véritable sorcier du son.
UN INNOVATEUR SONORE
On peut d’ailleurs le remercier pour avoir fait avancer les choses en matière de son de guitare électrique. Il figure parmi les plus grands aux côtés d’Elmore James, Jimi Hendrix, Jeff Beck, Jimmy Page, Robert Fripp, Adrian Belew, Steve Hackett ou Van Halen qui ont en commun le mérite d’avoir inventé un son nouveau.
Dans les faits, Brian May maitrise toutes les sonorités traditionnelles de la guitare électrique, du son le plus clean au son le plus saturé.
Mais son amour de l’électronique l’a également conduit à créer toutes sortes de sonorités moins conventionnelles qu’il obtient à partir des micros de sa guitare et de leurs multiples combinaisons (voir matos de choc).
De plus, le Géo Trouvetou de la six cordes a un pédalier magique à partir duquel il obtient des sons franchement inédits et parfois bien éloignés des sons traditionnels. On signalera ainsi qu’il est expert dans le maniement des harmonisers et autres delay.
C’est avec ces machines et des techniques instrumentales peu courantes (voir ci-dessus) qu’il se rapproche des synthés. Peu importent les moyens, seul le résultat final compte.
Enfin, les guitares harmonisées sont une marque de fabrique du son Brian May qui utilise toutes les techniques de contrepoint avec un talent rarement égalé dans la rock music. Ce son qui est aussi celui de Queen est la réponse aux harmonies vocales et contribue au caractère symphonique des arrangements.
LA GUITARE SELON BRIAN MAY
Les principales caractéristiques du jeu de Brian May sont les suivantes. En premier lieu, le style May est très lyrique et mélodique.
Il faut savoir qu’il compose au piano et qu’il n’utilise sa guitare qu’avec le groupe, lorsque la structure du morceau est déjà assez aboutie.
Cela évite les bavardages inutiles et les déluges de notes incontrôlés qui sont totalement absents de son jeu. De plus, il possède un sens rythmique du phrasé admirable.
Une autre marque de fabrique du style May est l’art d’arranger plusieurs parties de guitare pour en faire un véritable orchestre symphonique.
Comme nous l’avons déjà vu, il manie particulièrement bien le contrepoint et toutes les techniques d’harmonisation.
Le toucher de Brian est également unique, notamment ses bends et son vibrato main gauche auquel il répond souvent avec le vibrato de la guitare (bar).
Sa technique main droite est bien particulière car il joue aux doigts comme les joueurs de ukulele (il n’a pas oublié ses débuts).
Il n’utilise pas de médiator et préfère se servir de pièces de monnaie de taille et d’épaisseur variable en fonction du son recherché.
Au plan purement musical, on signalera que Brian May utilise toutes les gammes, des pentatoniques jusqu’aux modes grecs, sans oublier de fréquents arpèges.
Notre homme est également un maitre dans l’art de moduler. La musique de Queen regorge à ce niveau de modèles du genre auxquels vous pouvez vous référer si vous souhaitez approfondir vos connaissances en harmonie.
JJ RÉBILLARD
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