ANALYSE DES TITRES EN VERSION INTÉGRALE
• LET’S GO CRAZY
Un véritable hommage à Solomon Burke…et à son Everybody Needs Somebody To Love magistralement repris par les Blues Brothers.
Ce titre recèle quelques bottes secrètes, parfaitement typiques des astuces princières et je vais me faire un plaisir de vous les dévoiler dans les lignes qui suivent.
Mais il est également conseillé d’avoir le CD du GC33 consacré à Prince pour parfaitement comprendre la fabuleuse alchimie des guitares imaginée par le maitre.
Pour la comprendre, j’ai dû écouter le titre pendant des heures, surtout la première partie puisque l’on pourrait comparer cette alchimie à une véritable partie de ping pong en double d’une enceinte à l’autre.
10 pistes sinon rien : lorsque l’on connait le véritable nombre de pistes utilisées pour ces guitares (10 pistes très exactement), on comprend mieux et on saisit la difficulté du mix sur lequel The Artist a dû s’achaner de longues heures durant !!
Côté son, voici mes prescriptions : au début mettez votre volume guitare à 7 en utilisant un micro simple + un double et prenez une disto en bonne quantité. Lorsque vous changez de partie, mettez votre volume à 8 puis à 10 sur le solo en conservant uniquement le micro double. Pour la guitare 5 (solo final), ajoutez un compresseur et un delay réglé à 306 ms.
Astuces harmoniques : commençons l’analyse avec la première astuce concernant les harmonies de clavier. Dans un premier temps, on pense, tiens voilà la reprise de Everybody Needs Somebody To Love.....On joue donc la séquence harmonique F# - B/F# - E/G# - B/F#. Le synthé exécute cette partie mais pas l’orgue qui joue dans le même temps F# - G#m/D# - C#m/G# - B/F#.
Une idée en soi réalisable, puisque les deux accords mineurs de la deuxième séquence sont les relatifs des accords majeurs de la première séquence mais il fallait penser à superposer les deux parties. Le fruit du hasard ? Une question que l’on aurait pu poser à Prince mais malheureusement, il aurait fallu le faire avant le 21 avril 2016...
Astuces de son : dans tous les cas, cette combinaison est le son de Let’s Go Crazy. Sans elle, ce titre aurait sonné complètement différemment et le clin d’oeil à Everybody Needs Somebody To Love aurait été trop évident. Deuxième astuce, l’orgue Leslie qui tourne et répond au synthé.
Troisième astuce, le placement panoramique des guitares. Les pistes 1 et 2 sont complètement L/R, et les guitares 3 et 4 à 180° effectuent un parfait dialogue. Les voix positionnées comme les guitares 3 et 4 complètent le dispositif. Quelle prod !!
Riffs et tenues en accords : techniquement, les riffs ou les tenues en accords sont assez faciles à exécuter mais il faut être précis, notamment dans le choix de la disto et la qualité des attaques. Pour le groove, n’oubliez pas le shuffle. Votre rythmique doit être un modèle de swing.
Notez l’utilisation simultanée des accords en position fondamentale et en renversements à la fin des couplets. Sur le pont 1, le shuffle est habilement suggéré et c’est beaucoup plus difficile à jouer qu’il n’y parait de prime abord.
Dans le pont 2, remarquez la superposition du F#5 et du D#. Encore une belle utilisation de la relativité avec un effet sonore unique, décuplé par les dissonances des claviers.
Solo 1 : le premier solo composé sur la gamme de Fa# pentatonique m n’est pas trop difficile. Il suffit d’être en place et de jouer des bends expressifs. Surveillez cependant le médiator et le legato de la dernière phrase.
Après des parties déjà connues, on passe aux bends en forme d’unissons qui nous rappellent un certain Jimi, une technique également utilisée par d’autres guitaristes mais dont était le spécialiste.
On notera qu’elle est ici particulièrement judicieuse et apporte un groove qui pousse véritablement et donne presque l’impression d’une accélération du tempo.
Solo 2 : et c’est maintenant que les choses vont se gâter avec le solo de la fin qui est basé sur la gamme de blues de Fa# au troisième stade.
Si vous laissez libre cours à votre inspiration sans vous soucier du phrasé exact et si vous savez bien utiliser la wah-wah, no problem. Si vous voulez sonner comme Prince, c’est beaucoup plus dur.
Apprenez d’abord les phrasés à basse vitesse sans employer la wah-wah puis ajoutez là en essayant de respecter la vitesse d’exécution puisqu’il faut effectuer une série de bruitages avant de reprendre l’outro. Une superbe phrase et de nouveaux bruitages concluent le morceau. Soyez en place sur le dernier accord !!
JJ RÉBILLARD
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