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STORY ET ANALYSE DE STYLE : MARK KNOPFLER (PART 3)


FINGER-PICKING ET FLAT-PICKING

Le picking, c’est le son de la main droite, deuxième qualité obligée de tout guitariste avec le toucher de la main gauche. Avant d’étudier le picking selon Mark Knopfler, rappelons l’histoire et les caractéristiques des deux principales techniques employées en guitare, le finger-picking (picking avec les doigts) et le flat-picking (picking au médiator).

L’histoire de la guitare moderne commence avec le blues et la grande majorité des pionniers joue avec les doigts, bien que certains n’hésitent pas à utiliser des onglets ou des médiators néolithiques de fortune. Le premier grand maitre du finger-picking est assurément Blind Blake, figure de proue de l’East Coast blues. Son jeu est basé sur une transposition à la guitare du piano ragtime.

Le pouce effectue des "rolls” et ne tombe pas systématiquement sur les temps ou les contretemps. Tout devient ainsi plus complexe. D’autres spécialistes du finger-picking s’illustrent également à cette époque, tels Blind Lemon Jefferson, Mississipi John Hurt ou Charlie Patton. Avec de tels spécialistes, le finger-picking évolue rapidement, tandis que le médiator en est encore aux balbutiements.

Il faut attendre le grand Lonnie Johnson pour que les choses changent. Il est en effet l’indubitable créateur de la guitare solo, note par note, jouée au médiator. Avec la guitare électrique le médiator devient roi et fait les beaux jours du Hot Club de France et des afficionados manouches, tandis que les bluesmen l’utilisent de plus en plus. Toutefois, certains continuent à jouer avec les doigts, tels Merle Travis, grand spécialiste de la country music, ou avec les doigts et des onglets, comme Chet Atkins et Cliff Gallup.

60'S : LE MÉDIATOR OMNIPRÉSENT

A l’aube des sixties, en pleine explosion rock’n roll, le médiator devient omniprésent. Le jeu aux doigts est alors progressivement délaissé. Il reste l’apanage des folk singers ou des guitaristes classiques et il faudra attendre un certain Mark Knopfler pour que les choses changent.

Examinons à présent les principales caractéristiques du flat-picking et du finger-picking. Le flat-picking est basé sur l’utilisation du médiator et repose le plus souvent sur la logique de l’alterné dont le principe est très simple.

Tout coup en aller est suivi d’un retour, même lorsque l’on change de corde. Lorsque des silences ou des liaisons apparaissent, on conserve le sens des coups qui sont effectivement joués. 

Le finger-picking repose largement sur l’utilisation des doigts de la main droite auxquels on ajoute parfois des onglets qui sont autant de médiators. En règle générale, le pouce joue les basses, tandis que l’index, le majeur et l’annulaire se positionnent sur les cordes aiguës. Dans certains cas, les cordes sont attaquées simultanément avec l’ensemble des doigts de la main droite, comme en flamenco.

Tous les grands guitaristes des trente dernières années utilisent le médiator, à l’exception de Mark Knopfler et Jeff Beck, mais certains emploient également le jeu aux doigts, surtout en guitare acoustique.

LE MARK-PICKING

Comme nous l’avons déjà vu, Blind Blake révolutionne le jeu en finger-picking. Mark Knopfler s’en inspire directement et l’applique d’abord uniquement à la guitare acoustique.

Il réalise alors progressivement qu’il peut utiliser cette technique en guitare électrique et qu’elle permet d’exécuter des plans injouables au médiator. Selon ses propres dires, il acquiert empiriquement ce style à la main droite en écoutant, en assimilant mal et surtout en transgressant ce qu’il entend.

Mais le résultat est là : une technique incroyable et surtout un son qui met K.O les plus sceptiques ! Le pouce va au-delà de la corde de Ré et se partage pour moitié la mélodie avec l’index, en exécutant également les basses.

Le majeur (et parfois l’annulaire) sont repliés et complètent l’action des autres doigts. L’auriculaire est posé sur la table et sert de point d’appui en étant souvent épaulé par l’annulaire. Ce doigté peu commun est celui du luth et date du XVIème siècle.

On le retrouve chez certains bluesmen mais c’est Mark Knopfler qui l’a adapté à la guitare électrique. Une idée géniale !!

JJ RÉBILLARD
Rédigé le  4 avril 2016 20:24 dans MARK KNOPFLER  -  Lien permanent

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