MULTI-INSTRUMENTISTE SURDOUE Comme nous l’avons dit précédemment, Lenny a vraiment le contrôle total sur sa musique. D’une part, il produit, compose, arrange et est l’auteur des textes dans 99% des cas. D’autre part, il joue l’essentiel des parties instrumentales dans ses albums.
Multi-instrumentiste surdoué, il pratique avec le même bonheur la batterie, les claviers la basse et la guitare. Lenny s’explique à ce sujet en soulignant qu’il n’a pas voulu imiter Prince et qu’il n’est pas le premier à pouvoir s’honorer d’être multi-instrumentiste.
« Quand j’ai enregistré Let Love Rule, je n’avais pas l’intention de faire tout moi-même. J’ai cherché des musiciens pour jouer avec moi, seulement, je n’ai trouvé personne qui puisse jouer comme je l’imaginais : un style très rétro avec du feedback.
C’était d’autant plus difficile à trouver qu’en 1988, tout le monde jouait dans un style différent du mien ». Parmi les rares musiciens qui participent à ses albums, on citera le fameux Henry Hirsch que l’on retrouve souvent à la basse ou au piano et Craig Ross, qui joue un certain nombre de parties de guitare, notamment des leads plutôt inspirés.
Et on n’oubliera pas ses diverses collaborations avec Slash, le saxophoniste David Sanborn, la chanteuse Angie Stone ou le rapper Jay-Z.
MAITRE DU GROOVE
Cette section s’est déjà appliquée à Eric Clapton dans l’analyse qui lui est consacrée sur ce blog, mais on la retrouve naturellement avec Lenny Kravitz. A l’instar de ses principales influences, Lenny est vraiment groovy.
Quel est ainsi le point commun entre Jimi Hendrix, Bob Marley, Jimmy Page et Al McCay ? Le groove, mon bon monsieur et le groove funky.
Lenny l’a toujours considéré comme un élément essentiel et on le retrouve dans les guitares comme dans l’ensemble de ses compositions. Celles-ci sont variées, Lenny travaillant principalement dans trois registres.
La ballade bien sentie, avec des harmonies souvent recherchées, les titres rock aux riffs et ryhmiques simples mais très efficaces et les titres groovy (funk, R’N’B, hip hop...).
Les arrangements sont assez sophistiqués, incluant des boucles comme en hip hop ou en techno, des claviers savamment dosés et des sections de cuivres ou de cordes bien funky, dans la tradition seventies. Mais encore une fois, tous les arrangements sont dédiés au groove global. A groovy soul man !!
LA GUITARE SELON LENNY KRAVITZ Au regard de la fusion kravitzienne, les guitares sont plutôt diversifiées. On commence avec les rythmiques qui comprennent pratiquement toutes les formules de la musique de ces quarante dernières années.
Les formules en tenues sont fréquentes, de la même façon que les schémas simples du rock binaire, à base de noires, croches et doubles croches. Les syncopes ou les contretemps sont naturellement présents, groove funky oblige.
Les schémas funk sont bien représentés, dans le style Earth Wind And Fire ou Funkadelic, tout comme les plans hard funk, façon Page, Hendrix ou Joe Perry. Lenny est très précis et ajoute des dead notes dans ses formules uniquement lorsque cela est nécessaire.
Selon la discipline spirituelle du reggae, les parties s’imbriquent entre elles et il ne s’agit pas d’introduire des éléments rythmiques qui pourraient nuire au groove global.
Enfin, les formules acoustiques ou en arpèges qui ont fait le succès des Beatles ou des groupes psychédéliques de la fin des années 60 sont également au rendez-vous.
Côté leads, Lenny utilise en premier lieu les gammes pentatoniques mineure et majeure, en ayant souvent recours aux croisements, selon les techniques chères à Jimmy Page.
Il emploie aussi les gammes de blues aux différents stades, avec une préférence marquée pour les formules du 3ème stade, incluant notamment la seconde et la sixte majeure. Il utilise encore la gamme mineure et un peu plus rarement la gamme majeure ou les arpèges.
Au plan des effets de jeu, il se sert de tous les clichés courants en rock, les hammers, pull off, slides, doubles stops et autres bends étant également représentés, avec une légère préférence pour les bends. On signalera encore une main droite ultra-précise et une main gauche au légato parfaitement consommé.
Sur ce plan, il existe une certaine similitude avec les plans de Hendrix, notamment lorsque Lenny joue sur la position classique de la gamme pentatonique mineure, en maintenant un petit barré sur les cordes de Mi et Si.
En résumé, même si Lenny Kravitz n’est pas aussi inventif que Jimmy Page, Jimi Hendrix ou les Beatles (qui peut d’ailleurs se vanter d’un tel exploit ?), il contribue largement à l’évolution du rock depuis plus de vingt cinq ans et ses dernières productions laissent entendre que les prochaines années seront loin d’être décevantes.
Dans tous les cas de figure, il est l’auteur d’une fusion originale entre tous les courants groovy et reste l’un des artistes les plus prometteurs du début de ce troisième millénaire.
JJ RÉBILLARD
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