PARCOURS ET INFLUENCES
Lenny Kravitz est né à New York le 26 mai 1964. Son père est producteur de télévision et sa mère actrice. Il baigne ainsi dès son plus jeune âge dans un milieu très artistique et grandit entre Manhattan et Brooklyn dans l’effervescence des sixties.
Il n’a que cinq ans en 1969 mais le peu dont il se souvient de cette époque, la musique, l’atmosphère restent à tout jamais gravés dans sa mémoire.
Cet élément est déterminant dans son orientation musicale. Lenny est donc bercé par les sons de Jimi Hendrix, des Beatles ou du Jefferson Airplane.
Ses parents écoutent également du blues, du jazz et beaucoup de rythm’n blues avec des artistes comme Aretha Franklin, Curtis Mayfield, Al Green, Stevie Wonder ou les Jackson Five. Il commence la guitare dès son plus jeune âge.
Son père en a une qui traine à la maison, un instrument offert par sa femme mais ne s’en sert jamais. Laissons Lenny expliquer ses débuts laborieux sur une six cordes : « dans les premiers temps, je tapais dessus comme un forcené, du genre bong bong sur la caisse ou les cordes ! J’ai pris quelques leçons par la suite mais l’essentiel, je l’ai appris en reproduisant les disques que j’écoutais ».
Comme Jimi Hendrix, Eric Clapton ou Jimmy Page...Vers l’âge de douze-treize ans, Mr Kravitz fréquente des écoles de musique classique et fait partie de chorales ou d’ensembles d’opéra tels le Philarmonique de Los Angeles où il réside durant plusieurs années.
Mais sa voix ayant mué, il revient au rock, devenant par la même occasion multi-instrumentiste et apprenant la batterie, la basse et les claviers. A quatorze ans, ses artistes préférés sont les Jackson Five, Jimi Hendrix, Sly Stone, Al Green. Il écoute également beaucoup Led Zeppelin et Aérosmith.
L’INFLUENCE DETERMINANTE D’AL MCKAY
En 1978, Earth Wind And Fire devient la super star du funk. Le guitariste Al McCay est la principale influence de Lenny, notamment en rythmique mais aussi en lead et on retrouve bien le légato comme la fluidité du maitre dans ses solos.
Dans le même temps, il apprend beaucoup du guitariste attitré de Stax, Steve Cropper ou d’Eddie Hazel, guitariste de Funkadelic. Enfin, Prince est encore une influence déterminante en matière d’électro-funk.
En résumé, le cocktail Motown + Stax + Hendrix + Page + Prince est la base pour le style Kravitz. Durant les années 80, Lenny paufine ce style et produit son premier album, assisté par le fidèle Henry Hirsch. Let Love Rule est un succès.
Il est immédiatement suivi par Mama Said et Are You Gonna Go My Way qui le consacrent auprès du grand public. A partir de 1995, Lenny intègre largement les samples puis la technologie numérique, tout en écoutant beaucoup de hip hop new-yorkais.
Il est même précurseur en matière de R’N’B avec I Belong To You et collabore avec Mary J.Blidge et Jay-Z sur l’album Blue Print.
Ce dernier lui renvoie l’ascenceur sur Storm, extrait de l’album Baptism (2004). Lenny prouve ainsi que rock et hip hop peuvent faire bon ménage et que cette fusion risque d’être une marque de fabrique de la fin des années 2000.
UNE PRODUCTION RÉSOLUMENT MODERNE
A l’image de Prince, Lenny a un contrôle total sur sa musique. Les crédits des pochettes de ses albums "Produced, arranged, written and performed by Lenny Kravitz” ne laissent aucun doute à ce sujet.
Sa production est résolument moderne et on peut dire qu’il a toujours eu quelques longueurs d’avance sur son époque. Son principal talent à ce niveau est d’anticiper le son des années suivantes.
Ainsi, en 1998, un titre comme I Belong To You préfigure une bonne partie de la production R’N’B que l’on entendra à partir des années 2000. De la même façon, dans son album Baptism, les titres Sistamamalover et Storm (avec le rapper Jay-Z) mixent rock et hip hop.
En règle générale, la production des albums de Lenny repose sur les principes suivants. Le son de la rythmique est très moderne, notre homme n’ayant pas peur d’utiliser des samples et autres machines.
A l’opposé, le son des guitares est vintage, bien que l’ajout de certains effets apportent un caractère parfois inédit à la réalisation finale. La voix est également produite selon ces règles. Si l’on prend un titre comme Are You Gonna Go My Way, on retrouve peu ou prou les différents éléments précités.
Les guitares fuzz sont très hendrixiennes et la voix est traitée façon hard funk des seventies. La batterie est métallique, à l’image des productions rock des années qui vont suivre, avec un son de cymbale particulièrement travaillé.
On croirait presque que Eddie Kramer a collaboré à cette prod mais qu’un Butch Vig a apporté sa touche finale. Efficace, vintage, mais moderne avant tout. Enfin Lenny Kravitz est un redoutable performer au plan vocal, un grand chanteur de soul dont la voix est particulièrement expressive et s’inspire parfois du grand Al Green.
JJ RÉBILLARD
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