Comme je vous l’ai largement fait savoir tout au long de l’année 2018, j’ai sorti l’album Dance de mon groupe de soul, les Soul Warriors et j’ai fait une campagne de promo qui a commencé fin janvier 2018 et continuera finalement jusqu’en avril 2019, après tout pourquoi se priver quand ça fonctionne. Au final, quels sont les résultats ? Je commence avec une notion essentielle sur ce que rapporte un stream puisque c’est à présent le nerf de la guerre.
COMBIEN RAPPORTE UN STREAM ?

Voici donc une question cruciale, car vous avez certainement lu de nombreux articles sur le net indiquant que le streaming ne rapportait pas grand chose aux artistes (et même aux producteurs et éditeurs) s’il n’y avait pas des millions d’écoutes.
On ne peut malheureusement dire le contraire. En effet, le problème n°1 du streaming est l’écoute gratuite sur les plateformes. En fait, les plateformes proposent ce type d’écoute à condition que les auditeurs acceptent une interruption de leur musique préférée pour écouter une pub.
Ce type d’écoute gratuite n’est quasiment pas rémunéré et c’est là que le bât blesse car les plateformes gagnent de l’argent avec la pub. Les chiffres autorisés, connus et le plus souvent publiés sur le rapport du streaming sont ceux des écoutes payantes sur abonnement de type premium.
En voici quelques uns, sachant que ces chiffres peuvent varier dans des proportions qui restent faibles à la hausse comme à la baisse : Apple music (0,006€), Deezer (0,0055€), Spotify (0,0045€), You Tube Music (0,0001€).
Par contre les streams dans le cadre d’une écoute gratuite ne rapportent pratiquement rien. Ainsi, dans le meilleur des cas, on obtiendra 0,0001€, mais cela peut malheureusement être encore bien moins…Du coup, il vous faut faire des millions voire des milliards de streams pour espérer un revenu décent, à condition toutefois d’être producteur-éditeur car si vous n’êtes que l’artiste, vous ne toucherez que 10% de ce maigre gâteau.
Donc, faisons un simple calcul : pour payer un abonnement d’un an à Tunecore ou CD Baby pour distribuer un album, qui vous coûtera en moyenne 50€, vous devrez avoir 10000 streams en premium ou 500000 streams en écoute gratuite. Bon, allez je ne veux pas vous démoraliser mais tout cela n’est pas franchement positif. Et pourtant, c’est comme ça…
DES ESCROCS PATENTÉS ET DES PETITS MALINS

Alors, émus par ce problème, des escrocs proposent des solutions comme l’achat de streams sur Spotify ou de vues sur Youtube. Mais attention à ce genre d’arnaque, car il n’y a rien à la clé le plus souvent, sauf une société dont vous ne découvrirez le nom que lorsque vous aurez payé…et qui se révèlera en dépôt de bilan.
Et lorsque vous arrivez à avoir vos streams ou vos vues pour des budgets finalement assez couteux, Spotify ou Youtube vous ont à l’œil, risquent de vous rétrograder et vous serez alors un peu grillé.
Restent les petits malins qui ont des copains informaticiens qui savent monter des réseaux de robots et faire tourner et tourner des titres pendant les 30 à 40 secondes que demande un Stream pour être comptabilisé.

Toutefois, si ce n’est pas cohérent, vous risquez aussi des problèmes, sachant malgré tout que certains ont réussi à gagner pas mal d’argent avec ce genre d’escroquerie…jusqu’à ce que le subterfuge soit découvert. Mais il y en a qui arrivent tout de même à passer entre les mailles du filet.
Ainsi, un certain William Bedell explique sur le site Motherboard comment il a créé un savant programme pour multiplier les écoutes de ses titres sur Spotify. Sans déployer les grands moyens, son système lui a permis selon ses dires de générer 29,83€ par jour sans rien faire, soit 10895€ sur une année.
Allez, vous voyez que l’on peut gagner sa vie avec sa musique et les streams. Bon, d’accord, il est préférable d’être un peu informaticien mais le jeu peut apparemment en valoir la chandelle. Il paraitrait que ce petit jeu soit l’amusement favori des artistes de musique urbaine.
FAUSSES RUMEURS ET VRAIS SCANDALES
Quoiqu’il en soit et quel que soit le style de musique, le boss du célèbre label Believe indique que les procédures de contrôle sont désormais très efficaces pour repérer les fraudes et les comptabiliser.
A priori, que cela soit chez Spotify, Apple Music ou Deezer le phénomène semble maitrisé. Mais c’est comme le reste, démontez une ruse ou une fraude et il s’en créera aussitôt de nouvelles, surtout sur le net. Dans tous les cas, je vous déconseille absolument d’avoir recours à ce genre de procédé.

Pour exemple, un scandale touchant des majors et des artistes célèbres a été révélé il y a quelques années fin 2012. Ces majors sont bien connues, à savoir Universal ou Sony-BMG et avaient triché, achetant des centaines de millions de vues sur Youtube.
Tout ce beau monde a été rétrogradé et s’est vu parfois ramené de 670 millions de vues à 237 millions, comme pour Britney Spears. Michal Jackson ne faisait pas vraiment mieux (635 millions ramenés à 348 millions), Chris Brown (455 ramenés à 258) ou Beyoncé (457 ramenés à 305). Sanction impitoyable, mais en avaient-ils besoin ?
Alors, si vous voulez rester dans les clous, éviter des investissements et autres prises de risque inutiles, il vous faudra donc pas mal de fans, et une belle présence sur le net en général ainsi que sur scène si vous voulez avoir des chances de gagner un peu d’argent.
Oh, on ne demande pas grand-chose mais au moins de quoi rembourser le coût de la distribution. Conclusion un peu triste mais bien réelle. Après ces belles considérations, je vous attends dans la dernière partie, le bilan des Soul Warriors en chiffres, où je ne vais pas vous mentir, bien sûr. A suivre…
JJ RÉBILLARD