
Durant ces années 80, nous sommes toujours restés en étroit contact avec Bulle, même si nos carrières s’établissaient en parallèle.
Pour ma part, je faisais à l’époque beaucoup de séances de studio et étais sous contrat d’artiste avec deux groupes chez Phonogram et Barclay.
Je jouais d’ailleurs avec un bassiste fabuleux, Stéphane Leclerc, un mix entre Paul Mc Cartney pour les compos et Mark King pour la virtuosité, mais il ne m’avait pas pour autant fait oublier mon Bulle.
Puis, à la fin des années 80, je montais Music Play avec mon fidèle ami d’enfance Didier et sortis la méthode Joue de la Guitare sans Solfège.
C’est naturellement que je commençais alors à penser à éditer une méthode de basse avec mon bassiste préféré.
JOUE DE LA BASSE SANS SOLFÈGE
Ce projet ne vit pas le jour toute de suite car Gilles n’enseignait pas encore beaucoup la basse. Mais à partir de 1990, Gilles donna de nombreux cours et encadra différents stages tout en réalisant plusieurs productions vidéo, dans le domaine musical et institutionnel. Lorsque je créais les Editions JJ Rébillard fin 1994 avec pour base de catalogue les méthodes Joue de la Guitare sans Solfège et mes traités d’harmonie, je décidais d’ajouter une méthode de basse.
Et c’est bien sûr Gilles qui la conçut en l’articulant autour du même concept pédagogique que la méthode pour guitare. Joue de la Basse sans Solfège volume 1 sortit en décembre 1994, puis le volume 2 à la fin de 1995. Dans le même temps, Thierry Frébourg co-fondateur avec moi-même du magazine Guitar Collector’s me demanda si je connaissais un bassiste pour effectuer des relevés basse dans Guitar Part. Encore une fois, ce fut évidemment Gilles Malapert que je lui recommandais. Ensuite, vu le succès rencontré par Guitar Collector’s, Bass Collector’s vit le jour en 1996, d’abord un one shot puis une publication trimestrielle.
BASS COLLECTOR’S ET TOTAL SONGS

Gilles en fut le rédacteur en chef de 1996 à 2000. Dans le même temps, Guitar Part était accompagné d’un CD depuis décembre 1998. Il fallait une rubrique basse et un bassiste pour les Total songs et c’est encore notre ami qui assura les enregistrements aux côtés de Patrice Deschamps.
Dans les deux cas, il assura comme moi dans tous les styles, faisant preuve d’une rare polyvalence et d’une belle virtuosité. Le duo m’assista aussi dans la réalisation des Guitar Oké car il me fallait des équipes pour réaliser l’immense travail demandé par le boss, l’insatiable Thierry Frébourg.
Même si nos carrières évoluaient parallèlement tout en étant étroitement liées, nous avions des rendez-vous réguliers sur scène et nous défendions notamment les couleurs de GP, GC et BC sur le stand Guitar Part des salons de la musique.
Je me rappelle particulièrement des trois salons de 1999, 2000 et 2006. J’ai raconté le salon 1999 dans la rubrique GUITAR PART STORY (PART 13 ET 14), le salon 2000 dans la PART 16 avec dans les deux cas de nombreuses anecdotes croustillantes et je vous engage à retrouver tout cela sur ce blog en rubrique GUITAR PART STORY.
UNE COMPLICITÉ SANS ÉQUIVALENT
En résumé, et notamment en 1999 (avec Patrice Deschamps, Jean-Paul Boquet et un de ses amis batteur), même si nous avons beaucoup joué tous les standards de Jimi Hendrix, Rage, Red Hot, Metallica, Eric Clapton, Stevie Ray Vaughan, ZZ Top, John Lee Hooker…(j’arrête là la liste serait trop longue), nous avons beaucoup improvisé et comme vous le savez, l’improvisation est l’art de la création instantanée. Comme nous avions une complicité sans égal, le groupe reposait largement sur Gilles et moi pour la direction musicale.
Je me souviens que je transmettais verbalement à Gilles les grilles tout en les jouant puis la transmission s’opéra toute seul et nos trois autres amis suivaient de la même façon. Magique, un des plus beaux instants de ma vie sur le plan musical et une belle récompense avec un Manu Dibango qui nous écouta plus d’une demi-heure et nous félicita ensuite. En 2006, le salon et notre show sur le stand Total Guitar fut également de la même veine, mémorable avec des centaines de signatures d’autographes, sur papier, casquettes, on signait même sur des mains, sur des bras et toujours la même complicité avec Gilles…
TREPALAM CHETOUM

Pour la carrière musicale de Gilles, après la longue séquence Binoche avec lequel il continua à se produire régulièrement, le duo Trepalam Chetoum vit le jour.
Gilles avait toujours été précurseur, il aimait la langue française et on peut dire qu’il fut assez visionnaire puisqu’il créa cette formule que l’on qualifierait aujourd’hui de nouvelle chanson française avec la chanteuse Aurélie Mouchet.
Une fille au caractère bien trempé, aux textes plein d’humour et parfois corrosifs, qui était le pendant idéal d’un Bulle bassiste et guitariste acrobate, bidouilleur de sons et déclencheur de samples.
Trepalam Chetoum sortit trois albums, La Fée Bidouille en 1998, 2e Alboum en 2014 et Demon en 2016. Ce duo magique se produisit encore très récemment en concert en Bretagne à l’Étang Moderne à Rochefort en Terre, village préféré des français et à Malestroit fin juillet 2019.
Il reçut à cette occasion d’excellentes critiques. Comme déjà dit précédemment, Bulle était un musicien expérimental, un chercheur de sons. Son album solo Bulle Space Bass et Poésie Moderne où il assurait la basse, on devrait dire les basses, les guitares, le chant et les programmations sortit en 2008 et connut un certain succès, surtout au plan international.
Suite et fin part 3...
JJ RÉBILLARD