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HOMMAGE A MON AMI GILLES MALAPERT (PART 1)

Gilles Malapert, maitre d’œuvre de Bass Collector et auteur de plusieurs ouvrages aux Editions JJ Rébillard est parti rejoindre le paradis des bassistes ce vendredi 22 novembre 2019.

Inutile de dire ma tristesse car Gilles était un auteur chez moi mais aussi et surtout un ami de très longue date.

Et puis c’était mon bassiste de cœur, un vrai bassiste qui avait commencé la musique avec la basse, pas un guitariste passé à la basse par opportunité.

Un grand musicien quelqu’un d’une extrême gentillesse, doté d’une belle sensibilité, créateur, innovateur et roi de la section rythmique aux côtés de tous les batteurs qui ont joué avec lui durant sa longue carrière.

Cet hommage a pour but d’évoquer son parcours et aussi ma rencontre avec celui qui m’a présenté ma femme il y a bien longtemps…

UN VRAI BASSISTE

Comme je l’ai dit précédemment, Gilles était un vrai bassiste. Il est tombé amoureux de l’instrument à l’aube des années 70 alors qu’il avait tout juste 15 ans. Tout comme moi, Gilles est un autodidacte qui apprend tout à l’oreille, même s’il perfectionne sa technique avec la méthode de Jean Pierre Lambert, la référence de l’époque. La basse ne se pratiquant pas seul, mais en groupe, il passe très vite à l’action et enregistre son premier disque avec le quintet de l’américain Andy Hemler en 1973 et Binoche, l’ami de toujours. Andy, grand pianiste de jazz, lui a d’ailleurs rendu un vibrant hommage.

La suite continue à s’écrire avec Binoche, ce chanteur émérite et son frère d’âme dans la musique. Le groupe s’appelle le Béret Cosmique. J’en profite pour vous raconter ma rencontre avec Gilles qui s’est produite en novembre 1976, le 24 novembre très exactement, c’est à dire il y a 43 ans, un vendredi comme ce 22 novembre, triste anniversaire en quelque sorte mais qui me fait revenir en arrière vers des souvenirs drôles et heureux (enfin, comme vous allez le voir tout le monde ne partagea pas cette opinion). 

LA RENCONTRE

A l’époque, mes deux meilleurs amis étaient Didier, connu au bac à sable en 1960 à l’âge de 4 ans et Daniel alias Dan, rencontré dans un camp d’ados (ça s’appelait comme ça) à l’âge de 15 ans. Didier n’était pas musicien mais suivait ma carrière débutante et Dan était guitariste, un musicien inventif et généreux malheureusement disparu aujourd’hui (Didier est toujours là et on va fêter notre amitié de 60 ans en 2020, pour la petite histoire, c’est avec lui que j’ai créé ma première société d’éditions, Music Play en 1988 et la méthode éponyme Joue de la Guitare sans solfège). 

Bref, Didier savait que Dan et moi cherchions un bassiste, un batteur et un chanteur pour monter un groupe autour de nos compos. Il eut l’idée de nous présenter deux musiciens qu’il avait connus au lycée Verlomme à Paris XVème ou plutôt au Quincy, le bar qui jouxtait cet établissement. Ces deux musiciens étaient Gilles Malapert, bassiste de son état et Thierry Achour, alias Binoche. Le flash fut immédiat. Après quelques bières et après avoir refait le monde une première fois, on décida de se retrouver le lendemain pour faire plus ample connaissance.   

RÉPÈTE À MARCOUSSIS

Bon, la suite se passe à Marcoussis dans le sud de la région parisienne. Binoche et Gilles avaient une répète avec leur groupe le Béret Cosmique . Je me rappelle bien de cette répète car le groupe comptait deux batteurs et c’était rare à l’époque, notamment en France. Ils utilisaient aussi des magnétophones qui étaient en quelque sorte les ancêtres des samplers pour produire toutes sortes d’effets spéciaux. Novateur là aussi ! Mais il y avait des tensions au sein du groupe où chacun commençait à prendre la tangente pour réaliser des projets plus personnels.

En fait, ce fut certainement leur dernière répète avec cette formule. Cela nous arrangeait bien car nous avions des vues sur le bassiste et le chanteur. On n’allait donc pas terminer la journée comme ça et Didier nous proposa de finir la soirée chez lui (chez ses parents en fait qui étaient absents) en musique. Habitant juste à côté, j’allais chercher mon ampli, un Sims Watts 100 watts transistor mais qui avait un son d’enfer. Je venais également d’acquérir une pédale Electro-Harmonix Small Stone, un phase shifter ou phasing.

ET GILLES DEVINT BULLE

Lorsque l’on jouait avec la modulation en mettant le bouton d’effet à fond, on obtenait un son globuleux qui évoquait des bulles. Gilles me taxa la pédale et en fit son instrument de prédilection de la soirée, mettant l’effet à fond et produisant des bulles tout au long de la nuit qui suivit. C’est ainsi que Gilles devint Bulle et c’est l’origine de son surnom. Une soirée mémorable avec les amplis à un volume sans précédent pour l’immeuble et des voisins que l’on expédia sans ménagement et qui connurent un véritable enfer. 

Suite à cette soirée qui me laissa des souvenirs inoubliables, nous décidâmes de monter un groupe…sans Binoche qui continua sa carrière sans nous et partit un peu plus tard sur Dijon où il devint un véritable monument que l’on respecte toujours à ce jour : musicien, chanteur à la forte personnalité, animateur de radio, organisateur évènementiel, j’en passe et des meilleures.

Notre groupe s’appelait Asgard (dans la mythologie nordique, Asgard est le domaine des Ases, situé au centre du monde, excusez du peu). On était un peu allumés en fait et on commença avec nos guitares acoustiques en jouant dans les bois par tous les temps (la photo à gauche avec Dan, Gilles et moi qui a bien souffert des méfaits du temps date de décembre 76).

ASGARD ET LA SUITE

Mais on jouait aussi bien sûr en version électrique. Il faut reconnaître que l’on prétendait jouer une musique qui n’était pas encore de notre niveau. Entre temps, on avait recruté avec quelques difficultés un batteur puis un chanteur, ainsi qu’un ami qui proposait des performances que l’on pourrait qualifier de prémices du slam.

A l’époque, il n’y avait quasiment pas de studios de répétition et on en avait trouvé un à Argenteuil où le boss n’était vraiment pas cool du tout et où l’on passait deux bonnes heures sur la route dans les encombrements du vendredi soir pour y arriver. Je partais à 17 heures de chez moi à Ivry et je récupérais tout le monde dans ma R6 pour arriver à Argenteuil à 19 heures.

C’est au cours de ces pérégrinations que l’on refaisait le monde avec Bulle et que l’on polémiquait des heures durant, d’où le surnom de Polémique Victor que je lui avais donné. Mais que de bons souvenirs. Finalement, Asgard se sépara début avril 1978 après un concert très expérimental et à mon humble avis novateur mais qui ne fut pas du goût de tout le monde. 

BRETAGNE ET JURA

Suite à quoi, Dan et Bulle rejoignirent un groupe folk, Ménerval, qui cherchait à s’électrifier en créant une formule originale, mélange de musique traditionnelle et de rock psychédélique. Tout le monde émigra de Paris vers la Bretagne car Gilles était 50% breton, sa famille avait une maison dans le Morbihan et il nous avait vendu le slogan « La Bretagne ça vous gagne » avec succès. De plus, il m’avait présenté ma femme en août 1977, une amie originaire de sa région,  ce dont je lui suis toujours reconnaissant et pour l’éternité.

Pour ma part, à la fin de 1978, j’avais momentanément opté pour une carrière solo et monté un groupe avec moi-même et ma femme Annick  aux éclairages et au son) : JJ’s Echoes And Co, une formule guitare + magnétophone Revox à l’image d’un certain Robert Fripp (King Crimson). Ma chambre d’écho à bandes Wem Copicat (la même que celle de David Gilmour) était le fer de lance de ce projet solo. Et je m’étais installé en Bretagne, comme Bulle l’avait préconisé. Mais, faisant fi de ses propres conseils, il fila vers l’est et s’installa avec Binoche sur Dijon puis dans le Jura. 

Ce fut la grande époque Binoche avec plusieurs formules. Nous avons partagé plusieurs concerts et festivals (j’avais monté un nouveau groupe, Roll Mops) et je me souviens d’un concert fabuleux à Jugon les lacs en Bretagne au début des années 80. Franchement, Bulle y formait avec son compère batteur Jean-Michel Kravechvili une des meilleures sections rythmiques que j’ai pu entendre et voir sur une scène. La suite avec les Rastafumettos ne fut pas mal non plus, un excellent groupe de reggae avec lequel Binoche affirmait ses convictions humanistes et politiques (les textes évoquaient entre autres Nelson Mandela, critiquant férocement l’apartheid), toujours avec le fidèle Bulle. La suite dans la part 2.


JJ RÉBILLARD
Rédigé le  5 déc. 2019 12:41 dans ACTUALITÉS  -  Lien permanent

Commentaires

Merci de m'avoir appris encore plein de choses sur mon ami Gilles.
Publié par : Verdiere Jacques  - 7 déc. 2019 11:22
Bravo jean jacques, quelle biographie de Gilles : énorme
Bises à vous
Publié par : OLIVIER - 10 déc. 2019 9:48

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