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BLUES SECRETS : BIG BILL BROONZY (PART 2)

Voici la seconde partie de cet article consacré à Big Bill Broonzy pour tout savoir sur le style et les techniques utilisées par ce guitariste génial et novateur qui n'a eu d'autre égal qu'un certain Lonnie Johnson. 

UN GÉNIE DE LA GUITARE

Big Bill Broonzy est un maitre sans équivalent, à l’exception du légendaire Lonnie Johnson. A partir de ses influences qui sont principalement celles de ses contemporains ( Jimmie Rodgers, Blind Blake, Son House et Blind Lemon Jefferson), Big Bill crée un style unique caractérisé par une fusion des genres et une virtuosité incroyable.

C’est un mix de ragtime, de country blues, de blues urbain, de chansons jazzy, de jazz, de traditionnels folk et de spirituals interprété avec une technique hors du commun. Surprenant, quand on sait que notre homme n’a commencé la guitare qu’en 1920 alors qu’il avait plus de vingt ans.

Toutefois, il avait déjà une grande maturité musicale à ce moment, en particulier du fait de son ouverture d’esprit. Au départ Big Bill est un chanteur à la voix puissante qui déclame des blues aux paroles pleines d’un humour au second degré caractéristique des spirituals songs.

Mais il est aussi un guitariste inventif et génial, un véritable virtuose. Il utilise toutes les techniques, sachant aussi bien jouer en finger picking qu’en jeu note à note, au pouce comme au médiator. 

UN FINGER PICKING SANS ÉGAL

Son finger picking est complexe et basé sur l’utilisation de quatre doigts de la main droite. Il effectue ainsi un véritable mouvement de balancier avec son pouce sur les cordes graves tout en jouant la mélodie avec les trois autres doigts sur les cordes aiguës. Une vraie prouesse technique et un jeu difficile à reproduire. Mais Big Bill pratique aussi le jeu note à note en utilisant le médiator, surtout dans sa période guitares amplifiées, mais aussi le pouce comme dans Trouble In My Mind. Pour ce jeu note à note, on citera aussi New Shake-Em on Down ou Summertime Blues.

Côté rythme, Big Bill Broonzy est un adepte du swing feel ou shuffle et du 12/8, des formules qui sont donc exclusivement ternaires. On peut trouver des formules binaires mais ce sont de très rares exceptions au début des années 20.

Il joue également dans de nombreuses tonalités et se révèle un véritable spécialiste du blues en Do, tonalité largement présente (et plus que fréquente en ragtime) mais pour ma part, j’ai fait une enquête assez approfondie et le résultat est formel : c’est le blues en Sol qui est majoritaire.

TONALITÉS ET HARMONIES

Ensuite, il joue aussi en Mi, en Fa, en Ré, en Lab et en Sib. Toutefois, pour ces deux dernières tonalités, il est parfois difficile de confirmer car à l’époque, les enregistreurs sont encore assez rudimentaires et leur vitesse n’est pas toujours fiable, notamment pour des questions de tension.

Même un instrument comme le piano, lorsqu’il est présent, ne permet pas toujours d’avoir une certitude sur l’accordage général…De plus, les accordages sont parfois légèrement au dessus ou au dessous du diapason et l’accordage un demi-ton en dessous est possible. 

Les grilles harmoniques sont souvent des classiques en 12 mesures (Match Box Blues, Hey Hey)) ou 13 mesures (Rocking Chair Blues) lorsque les textes l’exigent, comme chez les pionniers. On trouve parfois des variantes d’harmonisation souvent empruntées au ragtime (House Rent Stomp, Lonesome Road Blues, Saturday Night Rub). Mais Big Bill Broonzy est aussi un spécialiste des grilles en 8 mesures (Key To The Highway, Midnight Special). 

Les harmonies sont les accords générateurs classiques mais elles sont généralement enrichies (accords de 4 sons voire 5 sons). Lorsque Big Bill accompagne certains artistes comme Jazz Gillum, ou enregistre en compagnie de Big Maceo ou Buster Benett, les grilles évoluent vers le jazz avec des accords de passages de type 7ème diminuée et des substitutions (voir les albums The War And Postwar years). On note donc une très grande variété harmonique qui correspond à la multiplicité des genres à la base de son style. 

UN SPÉCIALISTE DES GAMMES DE BLUES AU 3ÈME STADE

Enfin, côté mélodique, on retrouve le jeu sur les pentatoniques mineures et parfois majeures (ces dernières étant moins fréquentes que chez son alter ego Lonnie Johnson) auxquelles on ajoute les blue notes. Mais les gammes les plus fréquentes, toujours dans l’esprit des pionniers, sont les gammes de blues au troisième stade.

Big Bill Broonzy intègre les liaisons mélodiques dans ses rythmiques en finger picking (majorité des cas) selon un système question-réponse, sauf dans le cas du jeu note à note où elles constituent l’essentiel du phrasé. Il est également un des premiers à utiliser de nombreux effets de jeu de la main gauche, en particulier les bends qui sont une véritable marque de fabrique.

Pour conclure, ce qui reste le fait le plus marquant de son jeu est certainement le groove permanent et implacable qui le sous-tend en permanence. De cette façon, il assure une rythmique impeccable tout en ajoutant des liaisons mélodiques du meilleur goût. Un grand maitre qui n’a d’égal (on ne cessera de le répéter) que le fameux Lonnie Johnson…

GUITARES ET DISCOGRAPHIE

La guitare fétiche de Big Bill Broonzy est la 1920 Gibson Style O sur laquelle il joue majoritairement durant les années 20 et 30 et que l’on peut voir sur de nombreuses photos et autres pochettes d’album (voir part 1). Il joue aussi souvent sur une Gibson L7 à partir des années 30. 

On trouve encore une Epiphone DeLuxe Arch Top 1938 à la fin des années 30 et au début des années 40. Enfin, dans la dernière partie de sa carrière, Big Bill joues sur une Martin 000-28 ( fin des années 40 et années 50). Mais l’instrument le plus marquant est la fameuse 1920 Gibson Style O qui reste profondément attachée à son image. 

Côté discographie, on conseillera les albums All The Best, The Youg Big Bill Broonzy 1928-1935, The War And Postwar years (3 volumes) qui recoupent l’ensemble de sa carrière, notamment l’album All The Best où l’on trouve les grandes caractéristiques de son style dont je vous ai parlé précédemment. Enfin, les albums Big Bill Broonzy 1932-1942 ou Do That Guitar Rag complèteront la liste des opus de ce grand novateur qui a laissé une empreinte unique et éternelle sur le blues. 

JJ RÉBILLARD

POUR EN SAVOIR PLUS

Big Bill Blues Original Version 1928

https://www.youtube.com/watch?v=nBUUxzzZm4g

Big Bill Blues 1935 Orchestral Version 

https://www.youtube.com/watch?v=ykTm-8qDScQ

Saturday Night Rub 1930

https://www.youtube.com/watch?v=NoiJh5FuYzU

https://www.youtube.com/watch?v=B0HgY2cuhB8

Hey Hey

https://www.youtube.com/watch?v=QtQZ4Oya0gw

The Glory Of Love 1957

https://www.youtube.com/watch?v=iJBhfwP6VSQ

Trouble In My Mind (excellent exemple de blues avec liaisons mélodiques note à note jouées au pouce)

https://www.youtube.com/watch?v=Ftkzo-otEyo

https://www.youtube.com/watch?v=r0dt7Zeu01s&list=RDXHH-jmj7DJQ&index=2

New Shake-Em on Down (bel exemple de solo note à note (1938) 

https://www.youtube.com/watch?v=U_wkm3F1M5A

Album All The Best

https://www.youtube.com/watch?v=430dZ5wNCnk
Rédigé le  20 déc. 2019 20:51 dans BLUES SECRETS  -  Lien permanent

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