ZZ Top n’est pas un groupe de blues au sens strict du terme, mais plutôt un groupe de heavy blues rock, enrichi par d’autres courants musicaux (musique Tex-mex, punk-rock, new wave, musique africaine, rap......). Bien entendu, cette définition couvre la musique du groupe dans son ensemble, de ses débuts, en 1970, jusqu’à ce jour. Quelles sont donc les origines de ce cocktail ? Commençons avec un peu d’histoire.
BILLY GIBBONS : LE DERNIER CHERCHEUR D’OR ?
Billy Gibbons se définit comme « l’un des derniers chercheurs d’or, né quelque part au Texas ». Il faut reconnaitre que cela correspond parfaitement à l’image de notre barbu favori. Selon la tradition du Lone Star State, on lui connait ainsi plusieurs surnoms : Worthless Willy, Lone Star Slim, Lost Reverend Of The High Sierras, bref, j’en passe et des meilleures.
L’histoire de Billy Gibbons commence à Houston, le 16 Décembre 1949. Il est le fils d’un chef d’orchestre de la ville et grandit dans le milieu du show-biz local, entouré de musiciens.

A l’âge de cinq ans, la nourrice de sa soeur l’emmène chaque semaine dans un club de blues de Houston. Quelle éducation ! Le jeune Billy y découvre BB King, Little Richard, Jimmy Reed qui seront ses premières influences. Pour ses sept ans, il découvre Elvis Presley à la TV. Elvis confirme définitivement l’attirance de Billy pour la guitare. Il continue à écouter du blues et des guitaristes comme Howlin’ Wolf, Muddy Waters, T.Bone Walker, Wayne Benett deviennent ses pères spirituels.
Pour ses 14 ans notre ami reçoit sa première guitare, une Gibson Melody Maker de 1963 avec un seul micro et un seul pan coupé, comme une Les Paul. Elle est accompagnée d’un petit ampli Fender Champ. Dès lors, Billy sait que c’est parti, il sera guitariste, son style sera au carrefour du blues et du rock. De fait, les choses ne trainent pas. Il forme presque aussitôt son premier groupe, The Saints, et met en pratique les enseignements de Bo Diddley (l’un de ses favoris) et de John Lee Hooker, ses deux maitres à penser du moment.
BILLY & JIMI
Puis il forme Billy G. And The Blue Flames, un groupe de blues de dix musiciens, avec section de cuivres, dans la plus pure tradition texane. En 1967, il réduit à quatre le nombre des musiciens et la formation est rebaptisée The Moving Sidewalks. Les Moving enregistrent 99th Floor, hit du psychédélisme texan. Ils tournent carrément en première partie du Jimi Hendrix Experience et c’est là une excellente occasion pour Billy Gibbons de faire connaissance avec celui qui va devenir son ami et restera son influence majeure. Jimi ne s’y trompe pas. A la fin de 1968, il cite Billy Gibbons comme le guitariste américain le plus prometteur. Dans le même temps, Billy a l’occasion de jammer avec un certain Stevie Ray Vaughan, le jeune frère de son ami Jimmy Vaughan.......
LA NAISSANCE DU MYTHE
Mais il décide bientôt de former un nouveau groupe en compagnie de deux excellents musiciens, le batteur Franck Beard et le bassiste Dusty Hill. Après une jam de trois heures, le trio décide de former ZZ Top. Ils refuseront toujours de révéler comment ils ont trouvé ce nom. Le premier album sort en 1970 et il leur faudra attendre deux ans avant d’avoir un premier hit, Francine, qui reste toutefois un succès régional. Bill Ham, producteur et manager du groupe, les fait tourner sur le nouveau circuit du stadium-rock, où tout est à l’image des lieux : amplification énorme, public gigantesque et énergie démesurée. Le Top se retrouve devant des foules de 80000 personnes et ceci semble convenir parfaitement au style et au son du trio qui a trouvé des scènes à sa mesure.
Pourtant ZZ Top est encore inconnu à l’échelle planétaire. L’album Tres Hombres va commencer à les faire connaitre en Europe avec le fameux hit La Grange.
Et c’est à cette époque que commence la seconde partie de la carrière du groupe. En 76, la déferlante punk ne laisse pas Billy Gibbons indifférent. Il adopte l’attitude libertaire et anti-FM des punks, en donnant au groupe l’image qui va le caractériser dans les années suivantes : lunettes de soleil genre star des fifties, voitures agressives. Parallèlement le succès de la new wave l’incite à s’intéresser aux synthés qu’il intègre progressivement à sa musique.
UN MÉGA SUCCÈS PLANÉTAIRE
Avec les albums Eliminator et Afterburner, le méga-succès planétaire est au rendez-vous. Le groupe devient paradoxalement une star des FM mais Billy décide aussitôt de retourner à ses amours premières, histoire d’assurer la continuité. L’album Recycler confirme le retour aux sources du blues et les années 90 verront le Top évoluer en tenant compte de l’environnement, notamment avec l’album Rhythmeen. Celui-ci est largement basé sur des sources d’inspiration africaine, en particulier sur le plan rythmique.
Mais comme le dit Billy, "nous avons toujours été des primitifs, rythmiquement parlant, et le blues comporte une bonne part de sensibilité africaine qu’il est impossible d’ignorer. A l’heure actuelle le groupe n’est peut-être plus au firmament comme à la belle époque des années 80, mais après tout, la musique des texans barbus n’est pas fonction des modes puisque son essence reste le blues. Gageons donc que ZZ Top nous réserve encore de belles surprises...
UN GROUPE AUTHENTIQUE ET OUVERT
A l’issue de cette rapide story, le style et le son ZZ Top sont parfaitement définis. Au départ, il s’agit d’un groupe de blues texan qui produit une musique assez heavy, basée sur de bons hollers primitifs aux accents parfois proches du metal. Le style Tex-mex est bien présent, en particulier sur le plan rythmique. Le trio intègre ensuite l’energie punk et les ambiances de la new wave pour concocter un rock puissant aux atmosphères nuancées.
On notera malgré tout que les synthés ne prennent jamais l’avantage sur les guitares, qui donnent toujours le ton. Au fil du temps, la musique du Top prend en compte l’évolution musicale du moment, notamment celle de la world music ou du rap, en conservant l’authenticité du blues texan. Ainsi, le trio n’hésite pas à enregistrer dans le studio préféré des rappeurs de Houston. Bien sûr, il ne s’agit pas de faire du rap, mais d’intégrer le son du rap à la musique du groupe. Bon esprit !!
JJ RÉBILLARD