CHRISTOPHER CALHOUN NOUS A QUITTÉS

Impossible de ne pas rendre un hommage à Christopher Calhoun qui nous a quittés ce 21 novembre 2012 et j’ai préféré attendre un peu avant de vous en parler après l’émotion du premier instant car ce grand photographe ne devra jamais être oublié. Je crois que c’était l’un des plus anciens acteurs historiques de la presse guitare que je connaisse. Aussi longtemps que je me souvienne, il a toujours été là, depuis le début des années 80.
UN MAGAZINE PRÉCURSEUR
Je vous raconte sur ce blog l’histoire de Guitar Part et Guitar Collector’s mais vous avez noté à plusieurs reprises que je citais d’autres magazines comme Guitarist, Guitare & Claviers ou Disc Instruments. On peut dire que ce dernier était le précurseur des magazines consacrés aux instruments de musique en général, avant Guitare magazine. Créé au milieu des seventies par Joël Jordy et Alain Douarche, ce mag proposait notamment des bancs d’essai sur tous les instruments.
C’est grâce à Disc que j’ai connu les frères Jacobacci, luthiers de renom, avec un article de 1977 dans lequel ils expliquaient comment customiser sa strato avec un préamp Alembic et des switchs qui remplaçaient le commutateur 3 positions. Ce système avait l’avantage de permettre l’accès aux positions intermédiaires sans manipulations aléatoires (micro manche + micro milieu ou micro milieu + micro chevalet) et à des configurations inédites (3 micros ou micro chevalet. micro manche). Un switch prise directe coupait l’action des potentiomètres de tonalité.
Quant au préamp Alembic, il permettait de compenser le manque de puissance des stratos par rapport aux Gibson Les Paul et leurs micros doubles. Je filais aussitôt chez Jacobacci et ils me rendirent le lendemain ma strato customisée. C’est donc grâce à eux et à Disc Instruments que j’ai appliqué le système de switchs sur ma guitare fétiche Music Play, qui a été utilisée sur 70% des GP et GC.

LA MÉMOIRE DE LA PRESSE GUITARE
C’est avec Disc Instruments que Christopher Calhoun a commencé à se faire vraiment connaître comme photographe au début des années 80. Et il a ensuite été le photographe du magazine Keyboards à partir de 1988 puis du magazine Guitarist dès sa création en 1989. Il était notamment de tous les salons et on le reconnaissait facilement car il était rasé (en fait il était né chauve), ce qui n’était pas courant à l’époque.
C’était quelqu’un de très bien, de très professionnel, aux grandes qualités humaines et c’est lui qui a été le monsieur photo pendant plus de 20 ans pour tous les lecteurs de Guitarist. Photos d’artistes, photos de guitares, d’amplis, d’effets, concerts, bref la mémoire visuelle de la presse guitare car c’était vraiment le photographe attitré du mag, contrairement aux autres magazines qui avaient recours à différents free lance. Près de 30 ans de photos, donc, qui nous ont régalé les yeux et suscité bien des convoitises.
Personnellement, je connaissais Christopher depuis toujours comme bien des acteurs de ce métier et on se voyait toujours à l’occasion des salons (sans vouloir jouer les anciens combattants, j’ai eu l’honneur d’assister au premier salon de la musique à la Foire de Paris en 1972). Mais le fait que nous soyons dans des mags concurrents ne nous a pas permis d’entretenir des relations très proches, malgré une grande sympathie réciproque.
Et je n’oublierai pas que c’est lui qui nous a photographiés avec mon associé Didier Coquement en 1988, dans le cadre du premier article sur les éditions Music Play qui ont édité mes premières méthodes. La vie n’a pas toujours été cool pour Christopher mais, nous ne t’oublierons pas l’ami, et tes photos t’ont immortalisé à jamais. Un grand photographe, ici illustré par un cliché de son ami Olivier Coulange.
JJ RÉBILLARD
© Photos : Olivier Coulange